Arpenter le politique - Terrains du conflit et de la légitimation

Johanna Siméant-Germanos

Vendredi 9:30-12:30 (8 dans l’année) à partir du vendredi 21 octobre 2022, Salle R 3 46, Campus Jourdan

Séances : 21/10, 18/11, 9/12, 20/1, 17/2, 17/3, 14/4, 12/5

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)

Ce séminaire de lecture entend échapper aux routines qui affectent aujourd’hui les sciences sociales au travers de cloisonnements disciplinaires et sous-disciplinaires accrus, et de stratégies scientifiques qui tendent à promouvoir des descriptions binaires des débats des sciences sociales pour pouvoir feindre de les dépasser. A cette situation correspondent aussi des choix d’objets empiriques de plus en plus contraignants dans un environnement de la recherche en tension, avec l’imposition soit de formes mécaniques de comparatisme international appuyées sur des bases de données pauvres, soit de choix d’objets empiriques délimités et restreints supposés illustrer, logique du projet oblige, une démonstration préprogrammée. En pâtissent certains projets de connaissance qui supposeraient davantage de tâtonnements, de rupture avec des objets déjà là, pour saisir des objets massifs qui ne tiennent pas dans une seule question et demandent des démarches coûteuses en temps et en énergie, individuelle ou collective.

La science politique, et plus exactement les sciences sociales du politique, n’échappent pas à ces effets de cloisonnements (sociologie des mouvements sociaux, des relations internationales, de l’action publique, des professionnels de la politique…) qui produisent mécaniquement de faux dépassements. Pourtant, certaines des recompositions les plus marquantes des formes du gouvernement contemporain nécessitent aujourd’hui de connecter des savoir-faire empiriques et des réflexes théoriques propres à des bibliothèques souvent très spécifiques : économie politique, sociologie des transformations des mondes professionnels, de la sous-traitance au secteur associatif, professionnalisation du militantisme politique, effets du new public management et des injonctions de certaines organisations internationales sur l’État, questions particulièrement travaillées dans les travaux d’études aréales… Comment, par exemple, penser l’action nationale et internationale de militants africains en prenant en compte leur connexion aux niches critiques du monde du développement – alors même que ce développement transforme aussi les formes de l’action, sans toutefois qu’il ne fasse de ces militants des idiots utiles de la mondialisation ? Que doivent les capacités de légitimation et de répression des régimes politiques, au nord comme au sud, aux transformations du capitalisme néolibéral et à ses effets sur les ordres sociaux ? Comment penser protestation et mobilisation en dehors de la bibliothèque la plus routinisée de la sociologie des mouvements sociaux ? Quels effets la division internationale accrue du travail militant produit-elle sur la forme d’expression des intérêts ? Autant de questions que ce séminaire s’emploiera à examiner à partir de l’examen de travaux à forte densité empirique.

Chaque séance s’appuie la lecture préalable de textes publiés ou liés à des recherches en cours.

Validation du cours : assiduité complète et travail personnel.

Direction de travaux d’étudiants : oui

Encadrement d’étudiants au niveau master et doctorat.

Réception : sur rendez-vous.

Niveau requis : ouvert aux étudiants en master, doctorat et auditeurs libres.

Adresse électronique de contact : johanna.simeant@ens.fr

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21 octobre 2022 : Introduction par J. Siméant-Germanos

18 novembre 2022 :
 Marianne Saddier présentera le livre d’Ophélie Rillon. Le genre de la lutte. Une autre histoire du Mali contemporain (1956 – 1991), Lyon, ENS éditions, 2022.
 Mathilde Tarif présentera sa thèse "Être, devenir ou rester commerçant en République centrafricaine. La (re)formation d’un groupe social en situation de conflit" (introduction ou un chapitre à déterminer).

9 décembre 2022 :
 Julie Blanc présentera le livre de Quentin Deluermoz, Commune(s). 1870 1871, Seuil, 2020.
 Raphaël Clouet présentera sa thèse, « L’industrie de l’argent magique. Politiques de la plus-value actionnariale »

20 janvier 2023 :
 Maxime Royoux présentera le livre d’Emmanuel Henry, La fabrique des non-problèmes ou comment éviter que la politique s’en mêle, Presses de Sciences Po, 2021.
 Gabriel Rosenman présentera sa thèse, " Une socio-histoire des caisses de grève".

17 février 2023 : ATTENTION SEANCE DECALEE AU 24 2 2023
 Manon Piazza présentera le livre de Sandrine/ Lefranc, Comment sortir de la violence ? Enjeux et limites de la justice transitionnelle, CNRS /éditions, 2022.
 Laure Traoré présentera sa thèse, "L’enchevêtrement des ordres social et politique. Pratiques langagières et formes de la légitimation en campagne électorale à Bamako".

17 mars 2023 :
 Gabriel Rosenman présentera le livre de Pierre Blavier, Gilets jaunes, la révolte des budgets contraints, Paris, PUF, 2021.
 Julien Allavena présentera un chapitre de sa thèse, « D’une vérité de parti à une vérité de classe. Portrait de l’opéraïsme en hérésie. »

14 avril 2023 :
 Yacine Chitour présentera le livre de Karine Clément, Contestation sociale à bas bruit en Russie - critiques sociales ordinaires et nationalismes, Le Croquant, 2021
 Manon Piazza présentera sa thèse, " Entrepreneurs des blockchains. Une sociologie de la construction d’un marché européen".

12 mai 2023 :
 Julien Allavena présentera le livre de Catherine Leclercq, Olivier Fillieule et Rémi Lefebvre, Le malheur militant, De Boeck, 2022.
 Rodolphe Demeestère présentera sa thèse, "Le commerce de la coercition : Gouvernement des épiceries étrangères dans les bidonvilles du Cap"