Arpenter le politique - Terrains du conflit et de la légitimation

Johanna Siméant-Germanos

Vendredi 9:30-12:30 (8 dans l’année) à partir du vendredi 20 octobre 2023, Salle R 3 46, Campus Jourdan

Séances : 20/10, 17/11, 15/12, 19/1, 16/2, 15/3, 5/4, 3/5

Suivi et validation pour le master : Mensuel annuel (8x3 h = 24 h = 6 ECTS)

Ce séminaire de lecture entend échapper aux routines qui affectent aujourd’hui les sciences sociales au travers de cloisonnements disciplinaires et sous-disciplinaires accrus, et de stratégies scientifiques qui tendent à promouvoir des descriptions binaires des débats des sciences sociales pour pouvoir feindre de les dépasser. A cette situation correspondent aussi des choix d’objets empiriques de plus en plus contraignants dans un environnement de la recherche en tension, avec l’imposition soit de formes mécaniques de comparatisme international appuyées sur des bases de données pauvres, soit de choix d’objets empiriques délimités et restreints supposés illustrer, logique du projet oblige, une démonstration préprogrammée. En pâtissent certains projets de connaissance qui supposeraient davantage de tâtonnements, de rupture avec des objets déjà là, pour saisir des objets massifs qui ne tiennent pas dans une seule question et demandent des démarches coûteuses en temps et en énergie, individuelle ou collective.

La science politique, et plus exactement les sciences sociales du politique, n’échappent pas à ces effets de cloisonnements (sociologie des mouvements sociaux, des relations internationales, de l’action publique, des professionnels de la politique…) qui produisent mécaniquement de faux dépassements. Pourtant, certaines des recompositions les plus marquantes des formes du gouvernement contemporain nécessitent aujourd’hui de connecter des savoir-faire empiriques et des réflexes théoriques propres à des bibliothèques souvent très spécifiques : économie politique, sociologie des transformations des mondes professionnels, de la sous-traitance au secteur associatif, professionnalisation du militantisme politique, effets du new public management et des injonctions de certaines organisations internationales sur l’État, questions particulièrement travaillées dans les travaux d’études aréales… Comment, par exemple, penser l’action nationale et internationale de militants africains en prenant en compte leur connexion aux niches critiques du monde du développement – alors même que ce développement transforme aussi les formes de l’action, sans toutefois qu’il ne fasse de ces militants des idiots utiles de la mondialisation ? Que doivent les capacités de légitimation et de répression des régimes politiques, au nord comme au sud, aux transformations du capitalisme néolibéral et à ses effets sur les ordres sociaux ? Comment penser protestation et mobilisation en dehors de la bibliothèque la plus routinisée de la sociologie des mouvements sociaux ? Quels effets la division internationale accrue du travail militant produit-elle sur la forme d’expression des intérêts ? Autant de questions que ce séminaire s’emploiera à examiner à partir de l’examen de travaux à forte densité empirique.

Chaque séance s’appuie la lecture préalable de textes publiés ou liés à des recherches en cours.

Validation du cours : assiduité complète et travail personnel.

Direction de travaux d’étudiants : oui

Encadrement d’étudiants au niveau master et doctorat.

Réception : sur rendez-vous.

Niveau requis : ouvert aux étudiants en master, doctorat et auditeurs libres.

Adresse électronique de contact : johanna.simeant@ens.psl.eu

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Programme :

20 octobre 2023 : 
  • Introduction par J. Siméant-Germanos
 
 
  • 17/11
  • Maxime Royoux présentera l’ouvrage Fin du monde et petits fours : les ultra-riches face à la crise climatique (Edouard Morena)
  • Laure Traoré présentera un chapitre de sa thèse intitulée : "L’enchevêtrement des ordres social et politique. Pratiques langagières et formes de la légitimation en campagne électorale à Bamako"
 
  • 15/12
  • Amine Ben Mami présentera  un chapitre de sa thèse intitulée "Le monitoring de la démocratie post-2011 en Tunisie : quels engagements associatifs dans un contexte de professionnalisation ?"
  • Louise Bur Palmieri présentera l’ouvrage de Lucile Ruault Le Spéculum, la canule et le miroir.
 
  • 19/1
  • Julien Allavena présentera l’ouvrage La verticale de la peur de Gilles Favarel-Garrigues
  • Aube Richebourg présentera un chapitre de thèse consacrée à l’internet associatif en France et en Allemagne (1990-2020)

 

  • 16/2
  • Louise Klein présentera l’ouvrage La guerre par le droit. Les tribunaux Taliban en Afghanistan (Adam Baczko).
  • Manon Piazza reviendra sur sa thèse intitulée : Les entreprises en crypto-monnaies. Une sociologie de la construction d’un marché.
 
  • 15/3
  • Gabriel Rosenman présentera l’ouvrage Sociologie des déclenchements d’actions protestataires (Alessio Motta)
  • Louise Klein présentera un chapitre de thèse consacrée au champ juridique au Somaliland.
 
  • 5/4
  • Julie Blanc présentera l’ouvrage  de Bernard Lahire, Les Structures fondamentales des sociétés humaines
  • Marianne Saddier reviendra sur l’introduction de sa thèse (titre thèse : "Venir du Nord du Mali et tenir à l’État. Socio-histoire de l’intégration à l’État des cadres songhay")
 
  • 3/5
  • Manon Piazza présentera l’ouvrage de Laure Bereni. Le management de la vertu. La diversité en entreprise à New York et à Paris. Presses de Sciences Po, 2023
  • Julien Allavena présentera un chapitre de thèse, « D’une vérité de parti à une vérité de classe » : portrait de l’opéraïsme en hérésie (1956-1969)